La culture du vide ou l’ère des contenus éphémères… et sans fond ! (vous l’avez ?)

La culture du vide ou l’ère des contenus éphémères… et sans fond ! (vous l’avez ?)

Dans les années 1980, la notion de « l’ère du vide » avait déjà été évoquée.
Dans son ouvrage éponyme, l’essayiste français Gilles Lipovetsky décrivait l’émergence d’un « individualisme absolu » et d’une personnalisation généralisée de la vie quotidienne. Selon lui, l’effondrement des modèles autoritaires, le triomphe de la société de consommation et l’uniformisation des valeurs avaient conduit à un profond vide idéologique et moral.

Plus de 40 ans plus tard, cette notion refait surface, amplifiée par des plateformes qui encouragent le défilement incessant d’une quantité illimitée de contenus, souvent futiles. Nous, tels des utilisateurs pantois face à nos petits écrans lumineux qui voient défiler des vidéos insignifiantes – et parfois débiles – participons à entretenir cet individualisme, cette surconsommation, cette superficialité du sens en quelque sorte.

Comme dans la vie quotidienne : ne serait-il pas temps d’adopter une consommation raisonnée et raisonnable des plateformes déjà, et des contenus qui s’y trouvent ?

Des contenus désordonnés et souvent polarisants.

Ouvrez n’importe quel réseau social.
Scrollez un peu.

En quelques coups de pouce, il ne sera pas étonnant que vous tombiez à la fois sur du contenu super sérieux – économie, monde, actualité… – et du contenu plus futile – télé-réalité, montages, chats, pipi-caca, challenges à la mode, unboxing de produits, fake…

Le tout, sur une même page ou un même onglet.
Vous trouvez ça fou ? En lieu et place d’une réflexion éditoriale des plateformes et/ou des émetteurs de messages qui s’y trouvent, c’est désormais les algo les chefs éditoriaux !

Si on va plus loin : à votre avis, sur quel(s) contenu(s) allez-vous vous arrêter en premier lieu ? Ceux qui vont éveiller chez vous des émotions et majoritairement négatives (haine, peur, critique, rejet…).

C’est pourquoi, si vous ouvrez n’importe quelle plateforme, les contenus jugés « les plus pertinents » disposés en haut de votre fenêtre, seront des contenus « engageants » ou « viraux » (comprenez, les plus commentés, likés, partagés) très souvent « polarisants », attisant débat, critique, opinion, jugement.

Et ainsi, c’est un cercle vicieux : plus nous entretenons cela – à coup de like, partage, interactions… – plus la logique algorithmique – et économique – continuera de la sorte.

Aujourd’hui, les plateformes sociales fonctionnent grâce à des algorithmes qui favorisent les contenus courts, accrocheurs et souvent superficiels.
Grâce à cette recette bien ancrée, une publication génèrera à coup sûr des interactions rapides, et logiquement elle sera mise en avant.

Résultat : les productions réfléchies, longues, pédagogiques ou inspirantes peinent clairement à émerger face à des vidéos de quelques secondes qui jouent sur l’émotion instantanée.

Heureusement, nous avons toujours le choix.
Le choix d’utiliser et de parcourir ou non les plateformes.
Le choix de s’attarder ou non sur tel ou tel contenu.
Le choix d’accorder notre « engagement » pour tel ou tel sujet.

Contenus toxiques : entre nocivité pour l’esprit et pour la planète

Aujourd’hui, on parle de saturation, de surcharge voire de surabondance informationnelle à laquelle le monde entier est exposé. 

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Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

Quelles conséquences ? 

– Des dépendances inquiétantes chez les utilisateurs qui scrollent sans limite et s’abreuvent de contenus éphémères et sans portée intelligible.
– Un impact écologique non négligeable causé par la production et le stockage de ces dits-contenus.

Comme le décrit Adma Mhalla, politologue et spécialiste des enjeux de la tech, auteure de « Technopolitique » (éd. Seuil), « la culture du vide est [également] dangereuse car elle risque bien de causer une débilisation généralisée et une brutalisation du débat ».

On le voit : des contenus trop clivants, égocentrés, complexants, voire discriminants, publiés les uns à la suite des autres, dans un défilement infini, contribuent à une toxicité émotionnelle et mentale chez les utilisateurs, notamment les plus jeunes, mais aussi dans nos systèmes, nos sociétés.

Cette consommation rapide a un impact direct sur notre façon de penser. Bombardés de stimuli, nous passons d’un contenu à un autre sans prendre le temps d’approfondir. La lecture devient plus rare, l’esprit critique s’émousse, et l’on se satisfait de bribes d’informations simplifiées à l’extrême. 

L’histoire du Web depuis son origine : du mauvais mais aussi du très bon !

Les réseaux sociaux, encore plus en 2025, ne sont pas seulement des applications ludiques, pour passer le temps, communiquer, jouer…

Ils sont aussi des espaces d’influence pouvant manipuler, désinformer, susciter des conflits entre nations et récits. Les plateformes sont des terrains de luttes informationnelles sur lesquels il faut rester vigilants, au même titre qu’on a été habitué à l’être dès l’origine du web et de ses deux faces, clean & dark. 

Utiliser le web et la technologie à des fins innovantes, inspirantes, pédagogiques, éducatives, ludiques, positives… D’abord et avant tout !

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Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

Peut-on échapper à cette vacuité ?

Nos cerveaux sont devenus les nouvelles armes dans la bataille de l’information et de l’attention au XXIe siècle.

Soyons plus acteur·rice dans nos usages, vigilants face aux risques et aux menaces, afin d’agir (ou réagir) en conscience. Serait-ce un pas vers plus de sobriété digitale ?

Comme pour le reste : consommer moins ces contenus (moins de likes, partages ou commentaires), et s’engager davantage… sur des contenus qualitatifs et intelligents. Se réapproprier le contenu comme citoyen en résistant à la tentation du contenu facile et instantané : la clé de l’avenir d’un numérique plus safe et vivifiant ! 

Dans un océan de superficialité, choisir d’approfondir, d’explorer et de réfléchir est peut-être le dernier véritable acte de résistance.

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Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

Laura Beaubois

SOCIAL MEDIA & DIGITAL MARKETING

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